West-Central Africa

Au Togo, décision partagée à l’issue du procès du pasteur adventiste, d’autres maintenus en détention

Monteiro, Moumouni acquittés, d’autres condamnés à plus de détention, certains à vie

Silver Spring, Maryland, United States | ANN staff

Avec une décision partagée, le verdict est tombé à la cour de Lomé, au Togo. Selon un avocat de l’Eglise Adventiste Mondiale, le pasteur Antonio Monteiro a été acquitté alors que le membre d’église Bruno Amah s’est vu condamné à la prison à vie. Cette décision de la Cour des Appels de Lomé tombe presque 22 mois après que les deux hommes aient été interpellés et incarcérés en Mars 2012, sur des accusations de conspirations dans l’intention de commettre un meurtre.

Dans une affaire qui a tenu en haleine toute la dénomination, les deux hommes, ainsi que trois autres ont été maintenus en détention pendant presque deux années sans bénéficier d’un procès, sur les seules accusations d’un homme qui a été décrit comme étant « un menteur pathologique » après un examen psychiatrique ordonné par la cour. Cet homme Kpatcha Simliya, qui était également maintenu en détention,  a aussi été jugé coupable ce matin et condamné à la prison à perpétuité.

Todd McFarland, un associé conseiller général pour l’Eglise Adventiste Mondiale, qui accompagnait l’équipe de la défense au cours du procès de ce weekend, a déclaré que ce verdict concernait deux autres hommes, Beteynam Raphael Kpiki Sama qui lui a été trouvé coupable et a ainsi été condamné à 25 ans de prison et à payer une amende de 10 millions CFA francs soit environ $20 800 et Idrissou Moumouni qui a lui été acquitté.

Cette saga qui aura duré presque deux ans, a été suivi par des millions d’adventistes, qui ont tenus des vigiles de prière à l’échelle internationale, lancés des campagnes sur les réseaux sociaux, sponsorisés des initiatives de courrier à l’intention des officiels gouvernementaux et des diplomates, tenus des conférences de presse et collectés des signatures dans une pétition demandant la libération de ces hommes.

« Nous éprouvons des sentiments mitigés quant au verdict de la cour, » a déclaré John Graz, directeur des Affaires Publiques et de la Liberté Religieuse pour l’Eglise Adventiste Mondiale. « L’acquittement du pasteur Monteiro est une bonne nouvelle et nous en sommes heureux pour lui et pour sa famille. Nous avons par contre été surpris et attristés par la condamnation d’Amah. »

Monteiro, originaire du Cap Vert, servait en tant que missionnaire au Togo, depuis 2009 en tant que directeur du Département Famille au sein de l’Union des Missions du Sahel, à Lomé.

Ces interpellations et ces incarcérations ont eu lieu suite à une série d’homicides survenue en septembre 2011.

Selon divers journaux et rapports de police, plus d’une douzaine de corps appartenant à des femmes âgées entre 12 et 36 ans avaient été trouvés à Agoué, un faubourg au nord de Lomé. Ces corps avaient été poignardés et quelques organes sexuels avaient été prélevés. Du sang et des parties de corps d’animaux sont souvent utilisés au cours de cérémonies vaudou, une pratique largement répandue au Togo.

Selon les dirigeants d’église, ne voyant aucune arrestation, le public a réclamé justice pour ces meurtres.

Par la suite, à la télévision, on a pu voir Simliya entouré de policiers, racontant la série de meurtres qu’il avait organisée, donnant le nom des complices qui collectaient le sang et les organes. Mais presque toute l’histoire s’est avérée peu vraisemblable, notamment le nombre de victimes et les méthodes utilisées, selon ceux qui ont procédé à l’examen médical de Simliya.

« Tout homme informé et raisonnable aurait des doutes quant à ces révélations incroyables ou la faisabilité de ces crimes ou supposés crimes, », voici en tout cas ce que dit le rapport de l’examen psychiatrique ordonné par la cour datant du 09 septembre 2012 et qu’ANN a pu consulter.

Plus tard, Simliya est revenu sur ses aveux, déclarant qu’il avait été battu par la police et forcé de donner les noms de personnes qui était censé être ses co-conspirateurs au sein de ce réseau de trafic de sang, toujours selon ce même rapport.

Néanmoins, son témoignage, la seule preuve pour cette affaire, a été suffisante, en ce qui concerne  le verdict d’aujourd’hui. Le jury qui a prononcé le verdict était composé de trois juges et de six membres du public, selon McFarland.

La décision de ce matin a été prononcée à 5 : 00 a.m., a déclaré McFarland. Le procès a débuté le vendredi, 10 janvier, à 08 : 45 a.m. et s’est poursuivi jusqu’à 03 : 30 a.m. samedi matin. La cour a repris à 11 : 45 a.m. le samedi matin et les réquisitoires ont pris fin à 11 :45 p.m. dans la soirée.

McFarland a déclaré que Monteiro et Moumouni, les deux qui se sont vu acquittés, seraient relâchés au plus tôt, lundi.

arrow-bracket-rightCommentairescontact