Alors que des changements s’opèrent, un territoire procède à son auto-évaluation

Pour quelle raison la plus ancienne division de la dénomination est-elle aussi la plus récente

Silver Spring, Maryland, United States | Ansel Oliver/ANN

Les officiels de la Division Nord-Américaine (DNA) ont organisé un grand rassemblement, le mois dernier, afin d’étudier comment mener à bien et avec plus d’efficacité la mission au sein de leur territoire, la plus importante auto-évaluation depuis ces 80 dernières années.

Etaient présents à cette rencontre, les trois officiers les plus gradés de cette division composée de 59 fédérations et de 9 unions, ainsi que des représentants des hôpitaux, des collèges et des universités adventistes. Plus de 230 personnes avaient répondu à l’appel à Chantilly, en Virginie.

A partir des discussions en petits groupes, trois thèmes ont été dégagés et la division en a fait ses objectifs prioritaires : Construire une identité solide, organiser les opérations et explorer les méthodes alternatives afin de financer la mission.

Cette rencontre intervient en plein milieu des changements s’opérant au sein du territoire de cette division, alors que les officiels de la Division Nord-Américaine et les officiers du QG de la Conférence Générale procèdent au remaniement des opérations des deux maisons d’édition adventiste se trouvant aux Etats-Unis.

Mais ces changements servent à souligner comment l’auto-évaluation du mois dernier est un événement qui s’est déjà produit au sein de cette division il y a bien plus longtemps qu’on ne le pense. Les officiels de la Division Nord-Américaine sont actuellement en train d’explorer d’autres méthodes susceptibles de faire avancer la mission, principalement parce qu’elle est une des plus récentes divisions à avoir vu le jour, un fait que plusieurs ignorent !

C’est un fait qui est très peu connu de nos jours ! Bien qu’en 1863, en Amérique du Nord fut fondée cette dénomination protestante globale, la Division Nord-Américaine elle-même compte moins de 30 années d’existence. Antérieurement à 1985, cette division et la Conférence Générale ne formaient qu’une seule entité. A présent, presque 3 décennies plus tard, la séparation de ces deux entités ne s’est pas encore complètement achevée.

« C’est quelque peu paradoxal dans un certain sens ! La Division Nord-Américaine a existé depuis si longtemps, mais elle n’avait pas une identité qui lui était propre, » a déclaré Juan Prestol, sous trésorier de la Conférence Générale mais qui a servi aussi en tant que trésorier de la Division Nord-Américaine de 1998 à 2007.

D’une certaine manière, la Division Nord-Américaine est toujours dans sa première phase de développement. Pendant des décennies, elle a entretenu une relation que d’aucun qualifierait d’unique avec la Conférence Générale si l’on se fie aux comptes-rendus des comités datant des années 80. Elle ne possède pas encore son propre magazine, chaîne de télé ou d’autres institutions. Plusieurs des institutions très connues se trouvant sur son territoire appartiennent à la Conférence Générale et sont gérées par elle. Ceci comprend le Séminaire Adventiste de Théologie et l’Université d’Andrews dans le Michigan, Adventist Review, Hope Channel et l’Université de Loma Linda, en Californie et en dernier lieu, l’Université d’Oakwood, dans l’état de l’Alabama. Cette semaine, la Division Nord-Américaine a hérité de Pacific Press Publishing Association dont le siège se trouve dans l’Idaho. Les collèges et les universités adventistes d’Amérique du Nord ont été administrés jusqu’ici par les unions.

De solides liens tant physiques qu’administratifs existent toujours entre la Conférence Générale et la Division Nord-Américaine. Les bureaux de la division sont situés dans les locaux de la Conférence Générale, à Silver Spring dans le Maryland, un faubourg de Washington D. C. De plus, le secrétaire et le trésorier de cette division sont aussi  secrétaire adjoint et trésorier adjoint de la Conférence Générale selon les statuts de cette dernière.

« Dans un certain sens, il y a une interdépendance entre la Division Nord-Américaine et la Conférence Générale que l’on ne soupçonne même pas, » a déclaré Kermit Netteburg, qui a été l’assistant du président aux communications de la Division Nord-Américaine de 1996 à 2004. « C’est peut-être une bonne chose ou peut-être pas, cela n’a peut-être aucune sorte d’importance, mais cette division est différente des 12 autres ! »

Le processus de séparation des deux entités est toujours en cours. Plusieurs dirigeants d’église sont d’avis que c’est une progression naturelle, alors que les autres divisions continuent à se développer. L’Eglise connaît une croissance accrue quand les dirigeants sont habilités à mettre en place des objectifs mieux adaptés à leurs territoires respectifs, a déclaré un chercheur adventiste.

La première église

L’Eglise Adventiste a envoyé son premier missionnaire officiel sur le continent européen en 1874 et les dirigeants d’église de l’époque ont vivement encouragé l’engagement pour la mission vers 1890. Dans le cadre de cet engagement, les premières divisions furent créées en 1909 : Nord-Américaine, Européenne, Asiatique. Mais initialement, il y avait des distinctions géographiques plutôt qu’organisationnelles ou administratives, selon David Trim, directeur du Bureau des Archives, des Statistiques et de la Recherche.

En 1913, « La Fédération de la Division Nord-Américaine » fut formée, mais elle fut dissoute en 1918. Ce n’est qu’en 1950 que les officiers de la Conférence Générale formèrent « Le Comité Administratif de la Division Nord-Américaine. »

Pendant ce temps, alors que la structure de l’Eglise se développait outremer avec la création des divisions, ces unités administratives nouvellement formées fonctionnaient davantage comme des branches du territoire mère. Encore jusqu’au début des années 80, la Conférence Générale tenait toujours un comité annuel intitulé « Home and Overseas Officers. »

« Pendant longtemps on a perçu la Division Nord-Américaine comme étant la « patrie » et les divisions d’outremer comme des « branches étrangères  » a déclaré Monte Sahlin, un chercheur et dirigeant d’église à la retraite, qui a travaillé pour cette division de 1987 jusqu’en 1998.

Même jusqu’au début des années 80, l’Eglise en Amérique du Nord était administrée par le personnel de la Conférence Générale. Son leader, Charles E. Bradford, élu en 1979, avait le titre suivant : « Vice-président de la Conférence Générale pour l’Amérique du Nord. »

Une nouvelle division

Un des changements principaux a eu lieu au cours de la session de la Conférence Générale de 1985, quand les délégués ont pris un vote pour que soit enlevé des statuts de la Conférence Générale tout terme spécifique se référant à l’Amérique du Nord, selon Sahlin. A la fin de la session, il n’était plus question que de « divisions. » A l’époque on n’en comptait que 11.

Quand Sahlin est arrivé dans les locaux de la Conférence Générale à Takoma Park, en 1987, on déterminait encore où allait se trouver les bureaux de la nouvelle division !

« Nous avions littéralement des gens avec leurs bureaux dans le hall d’entrée, car l’espace qui allait nous être alloué n’avait pas encore été défini, » se souvient Sahlin.

En 1989, la Conférence Générale a intégré son nouveau bâtiment et la Division Nord-Américaine l’a suivi. En 1990, cette division a mis en place sa propre structure de comptabilité. En 1991, on pouvait lire dans Adventist Review que la Division Nord-Américaine avait eu sa première assemblée annuelle en tant qu’entité à part entière, à l’instar des 10 autres divisions de la dénomination.

En 1996, la Conférence Générale a donné les droits de propriété et de gestion du Centre de Presse Adventiste, de la Californie du Sud, à la Division Nord-Américaine. Dans le cadre de la mise en place d’un plan médiatique efficace, la division a fermé ce centre l’année dernière et a vivement conseillé aux ministères radiophoniques et télévisuels d’aller s’installer dans des régions où le coût de la vie est moins onéreux.

Aujourd’hui, le territoire Nord-Américain englobe : les Etats-Unis, le Canada, les Bermudes, la Possession française de St Pierre et Miquelon, les territoires américains de Guam, l’atoll de Wake, l’Ile Johnson, les Iles Marshall, la Micronésie, les Iles Midway, les iles de la Marianne du Nord et les Iles Palaos.

Financer la mission

Bien que la division ait développé une certaine autonomie en ce qui concerne ses propres programmes, sa politique et son administration, les officiels déclarent qu’elle a pris l’engagement de faire avancer la mission sur son propre territoire et de financer d’autres divisions. C’est de cette division que viennent presque la moitié des missionnaires engagés à l’étranger. Elle contribue aussi  presqu’à  moitié au budget mondial de la Conférence Générale, dont une portion assez conséquente revient aux 12 autres divisions. Les affectations financières en faveur des autres divisions varient entre $1.3 million et $4.9 millions.

Bien que la DNA finance actuellement presqu’à moitié le budget mondial, ce pourcentage a baissé pour atteindre 90% en 1990, selon Gary Patterson, qui a été l’assistant du président de la DNA de 1987 à 1994.

Une des raisons de la baisse du pourcentage de la contribution de la DNA au budget mondial est due à l’augmentation du nombre de membres dans les autres divisions au cours de ces dernières années. De plus, les salaires ont augmenté dans les pays émergeants, qui n’avaient quasiment pas de classe moyenne dans le passé, à l’instar de l’Inde, du Brésil et de la Corée du Sud.

Cependant, la contribution élevée de la DNA au budget mondial est largement due à l’actuelle structure de financement, où la DNA contribue un pourcentage plus élevé  de ses dîmes comparé aux autres divisions (7%) Ce pourcentage est une politique qui a été votée par le comité exécutif de la Conférence Générale et il est en train d’être graduellement réduit. Ce pourcentage a été réduit de 10% en 2000 selon les officiels de la trésorerie de la Conférence Générale. En 2020, ce pourcentage devrait se stabiliser à 6%.

En contraste, les 12 autres divisions contribuent 2% de leurs dîmes au budget mondial de la conférence Générale. Ce pourcentage est passé de 1% à 2% en 2000.

Le trésorier de la DNA, Tom Evans a déclaré que la division était toujours fermement décidée à financer la mission et la structure de l’Eglise dans le monde entier, mais que le pourcentage pourrait être revu à l’avenir.

« Il se pourrait que  l’Amérique du Nord continue à contribuer plus de dîmes pour le budget mondial. Je suis le premier à dire que je ne veux pas démanteler la structure, mais il s’agit de déterminer le pourcentage de contribution de la DNA, » a déclaré Evans. Il a ajouté que les leaders de la division et ceux de la Conférence Générale sont en train d’examiner quels sont les meilleurs moyens pour mener à bien la mission au sein de la division et dans le monde entier.

« C’est une expérience enrichissante pour nos deux entités alors que la DNA continue à s’autogérer tout en déterminant la direction à prendre pour que tout cela se réalise, » a-t-il déclaré.

Avancer

La rencontre de la DNA, du mois dernier pour procéder à son auto-évaluation avait pour but de l’aider à décider de la direction qu’elle allait suivre et à déterminer ses objectifs principaux. Au cours des années précédentes, la division avait tenu ce genre de rassemblement, mais à plus petite échelle, afin de se prononcer sur le pourcentage des dîmes et sur les bénéfices attachés à la retraite.

Le président de la DNA, Dan Jackson, a félicité les délégués  pour avoir participé à cette rencontre avec un esprit ouvert.

« Cet esprit d’abnégation démontre un réel désir d’examiner avec honnêteté notre actuel système organisationnel et missionnaire et la façon dont il doit être adapté pour rendre l’Eglise Adventiste plus accessible au sein de notre société du 21ème siècle, » a déclaré Jackson, dans un communiqué.

Un porte-parole de la division a déclaré que les délégués voulaient identifier les défis propres à la région et procéder ainsi aux réajustements nécessaires. La première question qui leur fut posée fut celle-ci : « Seriez-vous prêt à sacrifier votre position si cela avait pour résultat une mission plus efficace au sein du territoire ? » Ils furent 95% à se dire d’accord ce qui provoqua un tonnerre d’applaudissement.

« Une fois qu’ils firent preuve de ce genre d’engagement, le reste de la rencontre se passa sans encombre, » a déclaré Dan Weber, le directeur des communications de la DNA.

Parmi les défis relevés pour la région, on a identifié une diminution du taux de jeunes fréquentant l’église, une diminution de la fréquentation de l’église chez les autochtones. De plus, il a été constaté que seulement 30% des élèves adventistes fréquentaient les institutions de la dénomination.

Un comité aura la responsabilité d’examiner ces trois nouveaux objectifs et communiquera ses suggestions au cours du comité de fin d’année qui devrait avoir lieu en novembre.

« Les changements effraient, » a déclaré Weber. « Mais si vous les envisagez en ayant à l’esprit la bonne marche de l’organisation pour mener à bien la mission, alors vous irez de l’avant. »

arrow-bracket-rightCommentairescontact