L’Eglise Adventiste lance BREATHE-FREE 2, un nouveau programme anti-tabac

Le créateur de ce programme, Handysides, a déclaré que la clé pour réussir à mettre fin à sa dépendance au tabagisme se trouvait dans le relationnel…

Geneva, Switzerland | Andrew McChesney/Adventist Review

Imaginez un lieu pour fumeurs qui serait aménagé à l’extérieur de votre église !

L’homme assis dans la même rangée que vous, doit aussi être en train de penser à ce lieu aménagé à l’intention des fumeurs, car il s’est glissé tranquillement hors du bâtiment, pendant le sermon du sabbat matin !

Il était de retour quelques minutes plus tard, empestant une forte odeur de fumée !

Vous lui adressez un sourire et vous continuez à écouter le sermon.

Rien de bien extraordinaire !

Ce scenario fait partie de la vision de Breathe-Free 2, un tout nouveau plan visant à mettre fin à la dépendance au tabac, lancé par l’Eglise Adventiste pendant la conférence globale sur la santé qui s’est tenue à Genève, en Suisse. Ce programme a misé tous ses espoirs de succès sur un mélange de recherches scientifiques, un accès à l’information en direct sur le web et la relation personnelle que les participants développeront en cours de route.

Et de plus, cela ne coûte rien !

« C’est gratuit. Ce sera toujours gratuit, » a déclaré Daniel Handysides, qui a passé 3 ans à développer ce concept et qui l’a testé aux Emirats Arabes Unis.

Ce programme est issu de Breathe-Free, développé par l’Eglise Adventiste, voilà plus de 20 ans et du Plan de 5 jours, qui fut introduit pour la 1ère fois en 1959.

Mais Breathe-Free 2 utilise une approche complètement différente car les attitudes envers le tabagisme ont drastiquement changé au cours de ces dernières années, a déclaré Handysides, professeur adjoint de santé à l’Université Adventiste de Loma Linda, en Californie. A l’inverse de ce qui se passait il y a 10 ans, les fumeurs d’aujourd’hui n’ont pas besoin d’être convaincu que le tabac est mauvais pour eux, on ne peut pas les effrayer pour les motiver à abandonner son utilisation, » a-t-il ajouté.

« Vous ne pourrez pas trouver un seul fumeur au monde qui ne soit au courant que le tabac peut provoquer le cancer, » a-t-il déclaré lors d’une interview, en parallèle de la conférence de Genève. « Donc, notre ancien schéma basé sur la peur et les causeries ne peut plus fonctionner. »

Ainsi, il a fallu trouver de nouvelles méthodes pour venir en aide aux fumeurs et Breathe-Free 2 mettra l’accent sur le côté relationnel. Bien que le programme possède une version d’auto prise en charge, les fumeurs sont encouragés à se joindre à des groupes locaux où ils pourront bénéficier d’un soutien émotionnel et plus important, où ils pourront se faire de nouveaux amis.

« Si vous fumez et que vos amis fument aussi, cela peut parfois dire que vous n’avez d’autre choix que de vous éloigner de vos amis, » a déclaré Handysides. « C’est une grande perte ! »

Il y a plusieurs circonstances qui pourraient faire rechuter un fumeur qui essaie de décrocher, mais la présence d’autres fumeurs, plus particulièrement si ce sont des amis proches, est une tentation quasi irrésistible. Bien entendu, personne ne veut perdre ses amis, donc Breathe-Free 2 invite les fumeurs à inviter leurs amis à abandonner le tabagisme et à mûrir de nouvelles amitiés. Ces nouveaux amis pourraient être le facilitateur du programme et d’autres membres du groupe Breathe-Free 2.

Fumer à l’extérieur d’une église

Plusieurs de ceux qui décrochent, n’y parviennent qu’après 7 ou 10 tentatives, d’où l’importance de créer un lieu hors de l’église où ils pourront fumer, a déclaré Handysides.

« Je me suis fixé pour objectif d’encourager chaque église à avoir un coin fumeur hors du bâtiment, » a-t-il déclaré. « Les gens devraient se sentir à l’aise de fréquenter une église adventiste, en tant que fumeur.

« Nous ne voulons pas qu’ils soient des fumeurs, » a-t-il déclaré. « Mais nous devons les accepter tels qu’ils sont et être prêts à travailler avec eux pour qu’ils puissent changer et adopter un  style de vie plus sain. »

L’église que fréquente Handysides à Loma Linda n’a pas de coin fumeurs. En fait, tout le campus est zone non-fumeur.

Handysides a déclaré qu’il comprenait que certaines églises soient réticentes à l’idée d’avoir une zone fumeurs et que sa proposition était dans un certain sens, métaphorique. « Je parle davantage d’un changement d’attitude, qui nous permettrait d’accueillir des fumeurs au sein de nos églises, sans porter de jugements sur eux. »

Bien que ce soit rare, certaines églises adventistes ont aménagé un lieu spécifique à l’intention des fumeurs. Par exemple, la New Hope Seventh Day Adventist Church, à Fulton, dans le Maryland, a placé un cendrier à l’extérieur de l’entrée principale depuis un certain nombre d’années déjà. Un membre d’église a déclaré qu’il n’avait jamais vu quiconque l’utiliser depuis qu’il s’est joint à l’église voilà 7 ans, mais les dirigeants d’église y font mention lors de leurs souhaits de bienvenue aux visiteurs venant pour la 1ère fois. En résume, le message qu’ils délivrent dit ceci : « Nous ne voulons pas que quiconque luttant contre la nicotine, se sentent indésirables ! »

Comment Breathe-Free 2 a vu le jour

Breathe-Free 2 a vu le jour quand l’Université de Loma Linda a demandé à Handysides de conduire des classes de Breathe-Free dans une école militaire de Abu-Dhabi, un des émirats des Emirats Arabes Unis. L’université a approché Handysides après avoir reçu une requête pour animer des classes de la part d’une ONG, la International Commission for the Prevention of Alcoholism and Drug Dependency.

Handysides a écrit à la Conférence Générale, le QG de l’Eglise Adventiste Mondiale, à Silver Spring, dans le Maryland et demandé des informations afin de recevoir le matériel nécessaire pour les cours. Il avait appris que la Conférence Générale était l’unique éditeur et qu’elle imprimait le cours sur demande.

Pour faire court, le programme était quelque peu dépassé.

Donc, avec la bénédiction de la Conférence Générale, son épouse Sandra, infirmière familiale de son état et lui-même ont revu le programme d’où est né Breathe-Free 2 et testé les résultats pendant 18 mois à Abu-Dhabi.

Selon Handysides, le pourcentage de réussite de Breathe-Free 2 devrait être plus élevé que les 40% enregistrés par ses deux prédécesseurs. Aucune initiative anti-tabac n’atteint 50% de réussite, a-t-il déclaré.

Breathe-Free 2 ne cible que les fumeurs qui souhaitent réellement mettre fin à leur dépendance au tabac, car ce sont ceux qui ont le plus de chance de réussir, a jouté Handysides.

« Nous voulons avoir affaire à des personnes déjà engagées dans le processus de décrochage, » a-t-il dit.

Un des avantages de ce nouveau programme est que tout le matériel nécessaire est disponible en ligne, à l’adresse suivante : breathefree2.com. De plus, n’importe qui peut télécharger, traduire, et ajouter les traductions directement sur le site à l’intention d’autres utilisateurs.

Actuellement, ce programme n’est disponible qu’en anglais, mais une traduction espagnole devrait être disponible à partir du mois d’août. Des discussions ont été entamées pour une éventuelle traduction en russe, polonais et en finnois.

Parmi le matériel disponible sur ce site, on retrouve une carte du monde avec tous les lieux et les contacts des 34 premiers facilitateurs de ce programme ainsi que des vidéos dont l’objectif est de mûrir des groupes de discussion et le développement de nouvelles amitiés. Ces vidéos sont toutes en anglais, mais leurs scripts sont disponibles et peuvent être téléchargés, permettant à des groupes ne parlant pas l’anglais de les adapter ou de les utiliser de la façon qui leur convient, a déclaré Handysides.

La première phase de ce programme s’accomplit en 8 jours et s’enchaîne avec des séries de rencontres durant les jours, les semaines et les mois suivants. 

« Ce qui est important c’est d’établir des relations solides qui pourront durer durant toute la période de décrochage, » a déclaré Handysides.

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